Fragments et déchets
Mon travail de création a démarré avec l’incorporation de fragments végétaux dans mes illustrations, tout d’abord, puis sur mes pièces en bois flotté. Une interaction se créait entre les débris et le support, un prolongement, qui était source d’inspiration, d’une nouvelle harmonie que je m’efforçait de mettre au monde.
Mais au fil des mois, au fil de mes promenades en forêt ou sur les plages, d’autres débris se sont mêlés à mes trouvailles. Des morceaux de corde, de flotteurs, des pièces de métal, du verre ou de la faïence usés. Des traces de nos activités, des traces de l’anthropocène.
J’ai hésité, j’ai trouvé que certaines matières étaient patinées, usées, marquées, mais d’autres affichaient des couleurs ou des matières peu séduisantes, du déchet encombrant, du déchet humain. J’ai donc conservé certains morceaux par devers moi le temps de la réflexion.
- Fusion douce -
(bois flotté, or, os, pétales, métal)
Aujourd’hui je me rends compte que ces matériaux fond déjà pleinement partie de notre environnement quotidien, même s’il ne s’agit pas de tous les environnements. Certains paysages sont préservés, certaines zones protégées. Mais les sacs, capsules, bouteilles, mégots et autres papiers sont à peu près partout. Comme je le disais, certains bénéficient d’un aspect qui a changé, au contact de la nature justement, avec le passage du temps. Difficile de savoir ce qui s’est passé, mais le résultat est là.
J’ai donc choisi d’incorporer, dans une certaines mesure, ces éléments “étrangers” dans mon travail, parfois en les y fondant, parfois en les mettant en avant. Chacun jugera du résultat, et de ce qu’il raconte de nous, notre rapport à la nature, à notre cadre de vie, mais aussi plus largement à la consommation. Bien sûr le parcours de chaque débris est différents. Certains ont été perdus, par accidents, d’autres jetés, volontairement, et d’autres enfin sont le fruit d’un accident, d’une usure. Je pense notamment à ces morceaux de métal récoltés en bord de mer, dans des ports.
Je ne me sens pas capable de tout utiliser, car pour l’instant certaines matières me perturbent, elle polluent ma démarche. Et je reste attaché aux singulières beautés du détail et de la fragilité de la nature.
Il y a des dialogues différents à envisager, des échanges entre débris, des rapprochements inattendus, j’en suis conscient.
Mais je laisse cela pour plus tard !